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Écrits intimes - Lola

Dernière mise à jour : 9 juin


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Si j’essaye de me remémorer mon premier contact avec la forme du journal, c’est sans doute du mien dont il faudrait parler. Je tiens un journal depuis plus de 10 ans dans lequel j’écris religieusement tous les jours, à quelques exceptions près.

Mais la révélation du pouvoir de l’écriture « intime », son éblouissement, date probablement du moment où j’ai découvert « Le livre de l’intranquillité » de Fernando Pessoa, autour de mes 18 ans. C’était alors la première fois que je découvrais une telle audace dans un texte publié. Ça me bouleversait.

Depuis cette première lecture poignante, je n’avais pas cherché beaucoup plus loin si ce n’est que je commençais m’intéresser à la poésie et au « spoken word », sa version orale. J’y retrouvais ce frisson de la « mise à nu », de l’intimité partagée.

Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai ouvert la boite de Pandore, cette fois-ci avec une écrivaine – Anaïs Nin. Alors, pour la première fois, c’était moi-même qu’il me semblait lire. Les questionnements qui la traversent dans ces journaux sont si spécifiquement féminins que c’était comme une conversation inestimable avec une amie de toujours. Ses tourments, ses joies, ses contradictions, tout y est exposé sans pudeur, avec une plume qui sublime forcément un peu la réalité. Je tombais à nouveau amoureuse de l’écriture, je la dévorais.

À la suite de cette lecture, je me suis mise à traquer les journaux ou les « écrits intimes ». Cela nourrissait ma propre écriture et ma quête de vérité. J’en avais besoin. Je découvrais que nombreux étaient les poètes qui avaient tenu des journaux.Je découvrais une bibliothèque parallèle, dont beaucoup d’auteurs connus. Pourtant ces textes-là étaient rarement mis en lumière. Quelques fois, ils avaient cessé d’être publiés.

Depuis quelques années, des maisons d’éditions comme « Ypsilon », « Le tripode » ou « La Baconnière » ont publié respectivement les intégrales de Alejandra Pizarnik, Goliarda Sapienza et Anita Pittoni, à mon grand bonheur !

L’écrit intime pourrait évidemment s’apparenter à l’autobiographie à la différence qu’il est écrit en temps réel. Son plus proche parent serait le récit de voyage mais dont il se distingue justement du fait qu’il ne décrit pas un lieu extérieur et géographique mais un lieu intérieur, mouvant lui aussi, et surtout immédiat. Certains écrivains du voyage en font un savant mélange comme Nicolas Bouvier et son Usage du monde, Sylvain Tesson ou encore Henri Michaux avec Ecuador. Chez ces grands voyageurs, pour n’en citer que quelques-uns, le récit de voyage est largement introspectif.

Parmi mes grands coups de cœur des « Écrits intimes », ceux que je garde précieusement à mon chevet, je citerai quelques merveilles telle que le Journal de Anita Pittoni, Une vie bouleversée de Etty Hillesum, Carnetsde Goliarda Sapienza, Carnets d’Alejandra Pizarnik, Lettres à Julien de Albertine Sarrazin, Journal de Catherine Pozzi, Bambois de Claudie Hunzinger, Chroniques de Clarice Lispector, Le coût de la vie de Deborah Levy et plusieurs titres de Annie Ernaux.

On remarquera que ma sélection est exclusivement féminine. C’est un choix conscient car je constate que c’est un art auquel les femmes paraissent exceller. A croire qu’elles ont eu plus de temps à dédier à l’introspection ainsi que le besoin fiévreux de déposer leur tumulte intérieur quelque part, en lieu sûr. Peut-être que ma passion pour ces écrits vient réellement d’un besoin de connexion avec les autres et plus spécifiquement les femmes. Un besoin de se comprendre soi-même.

Depuis quelques années à l’Imprudence, nous avons dédié une section aux « Écrits intimes » en honneur à ces trésors, que l’on continue à dénicher et dont la forme s’élargit parfois à la chronique, à une écriture fragmentaire non-fictionnelle, et bien sûr, à la correspondance.

Je suis encore et toujours en appétit de découvrir de nouvelles pépites, je sais qu’il en manque beaucoup à ma liste. D’ailleurs, pourquoi pas des auteurs contemporains ? Mais il semble plus prudent de publier ses écrits intimes « post mortem ». On devine un grand péril dans cette entreprise…D’ailleurs, une question se pose bel et bien… Est-il moral de lire des textes qui n’étaient pas destinés à être publiés ? En ce qui me concerne, j’estime que leur valeur est trop grande pour avoir des scrupules… C’est justement puisqu’ils échappent à un ordre établi, aux codes et aux injonctions de la littérature, que ces textes sont si puissants.

Références :

-              Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquillité

-              Anita Pittoni, Journal

-              Etty Hillesum, Une vie bouleversée

-              Goliarda Sapienza, Carnets

-              Clarice Lispector, Chroniques

-              Anaïs Nin, Journal

-              Alejandra Pizarnik, Carnets

-              Claudie Hunzinger, Bambois

-              Albertine Sarrazin, Lettres à Julien

-              Catherine Pozzi, Journal 1913-1934

-              Deborah Levy, Le coût de la vie

-              Sylvain Tesson, Une très légère oscillation

-              Ecuador, Henri Michaux

-              L’usage du monde, Nicolas Bouvier


 
 
 

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